Animalistes : promouvoir le véganisme, le choix de la cohérence
Par adminmas42 | Le 17/12/2017 | Articles
« L'animalisme est un courant de l'éthique qui s'appuie sur les avancées de l'éthologie et qui défend les droits des animaux non-humains. Ce courant soutient que les animaux sont des êtres sensibles capables de souffrir, et par-là même dignes de considération morale de la part des êtres humains. L'animalisme conteste la confusion entre l'« agence » et la « patience » morales : ce n'est pas parce qu'un animal n'est pas agent moral, responsable de ses actes, qu'il n'a pas de droits, qu'il n'est pas patient moral et que les agents moraux sont dispensés de devoirs envers lui » [1]. En d'autres termes, c'est une dénomination assez large qui englobe à peu près toutes les personnes qui s'intéressent à la cause animale. Du simple intérêt pour les animaux au véganisme, principe de vie qui consiste à ne pas consommer ni exploiter des animaux [2], il y a un fossé assez large qui est souvent perçu comme extrême et parfois difficile à comprendre. C'est néanmoins pour nuire le moins possible aux autres êtres vivants, et par soucis de cohérence vis-à-vis de l'ensemble des animaux qu'il nous semble important de faire la promotion de ce dernier.
Il est vraisemblable que la plus grande partie des personnes intéressées par la cause animale porte surtout une grande attention au sort des animaux de compagnie, et embrasse les thématiques du bien-être animal pour les autres animaux. Autrement dit, on peut les exploiter et les tuer tant qu'on le fait correctement. Cependant, depuis 2012, la Déclaration de Cambridge précise que les animaux non-humains possèdent les substrats neurologiques de la conscience [3]. Excepté notre perception humaine, il n'y a donc pas de raisons objectives pour opérer une différence de traitement entre chiens et chats d'un coté, et l'ensemble des autres animaux que nous exploitons de l'autre : vaches, cochons, poules et même souris, etc. Pour nuire moins aux animaux, il convient donc de tous les inclure dans notre sphère de considération morale. Ceci pousse certaines personnes à penser le végétarisme comme une réponse à ces considérations éthiques. Si le changement personnel associé à ce régime alimentaire est une belle avancée pour les animaux, il se limite néanmoins à l'alimentation et ne se prononce pas sur les autres formes d'exploitation animale. Par ailleurs, l'exploitation des animaux pour le lait ou les œufs est loin d'être inoffensive : sélections génétiques débilitantes poussant à une production importante de lait [4, 5] ou d’œufs [6, 7], inséminations artificielles pour déclencher les lactations [8], abattage des bébés animaux [9], broyage des poussins [10] et finalement, abattage des animaux lorsque la productivité de ces derniers diminue. L'objectification de ces animaux est totale et les conséquences sont parfois terrifiantes comme la France a pu le découvrir il y a quelques mois avec l'abattage de vaches laitières gestantes [11].
Figure 1 : Mamelle d'une vache Holstein. En 60 ans la productivité des vaches laitières a été multipliée par un facteur compris entre 2 et 3. (Image de Robert – CC-BY-NC 2.0, non-modifiée).
1. Rapide tour d'horizon de l'exploitation animale
En remettant en question le principe même de l'exploitation animale, le véganisme s'attaque en fait à la racine du mal. En effet, qui dit exploitation, dit exploitants et exploités, et intrinsèquement, un rapport de domination qui n'est pas toujours très visible, mais qui est toujours opérant et toujours en défaveur de l'exploité. L'exploitation animale est ainsi le plus petit dénominateur commun à l'énormité des actes que nous commettons à l'encontre de l'intérêt des animaux. On peut citer les exploitations les plus communes : les élevages industriels, qu'ils concernent les animaux terrestres ou les animaux aquatiques ; les pêches industrielles qui vident les océans, le braconnage pour récupérer organes ou défenses à des fins de médecines traditionnelles ou de décorations, les chasses aux trophées dans lesquelles on peut voir des personnes dépenser des milliers d'euros pour tuer un animal, les animaux retenus captifs pour le divertissement dans les cirques, aquarium ou parcs zoologiques ; les animaux tués pour le divertissement comme dans le cas de combats d'animaux ou de la corrida ; le braconnage pour réaliser des bibelots ou qui sert aux médecines traditionnelles ; le commerce des animaux de compagnie, avec les incessants salons du chiot et du chaton alors que les refuges débordent ; les sélections génétiques débilitantes, s'apparentant à un eugénisme animal et qui rendent progressivement les animaux fragiles et inaptes à la vie sauvage. Les exemples sont nombreux et dépassent de loin le strict cadre alimentaire qui cristallise bien souvent les débats sur le véganisme.
Figure 2 : Un élevage industriel de cochons (Image de Maqi – CC-BY-SA, non modifiée).
Pour diverses raisons, ces exploitations animales sont très défavorables aux animaux. D'abord parce qu'elles induisent la mort directe d'un grand nombre d'animaux chaque année : entre 60 et 140 milliards d'animaux d'élevage [12] ; entre 500 et 1000 milliards d'animaux marins [13] ; un nombre incalculable de milliards d'animaux sauvages tués, soit parce qu'ils habitaient un milieu naturel qui a été défriché pour une pâture [14], soit parce qu'ils sont tout simplement considérés comme nuisibles pour les animaux d'élevage [14, 15] ; et plus de 10 millions d'animaux de laboratoires rien qu'en Europe [16]. Ensuite parce que la plupart de ces exploitations animales produisent de la souffrance animale. En France, l'exemple le plus frappant est certainement celui de la corrida, spectacle dans lequel la mise à mort d'un animal est érigée en spectacle. On pourrait aussi mentionner les productions de foie gras dont le principe consiste à rendre malade des animaux par le gavage. Mais la souffrance concerne aussi tous les animaux maintenus en captivité, que ce soit dans les élevages industriels, les élevages d'animaux pour la production de fourrures ou encore les animaux utilisés pour le divertissement des humains comme dans le cas des cirques ou des delphinarium. Enfin, l'expérimentation animale avec parfois encore les vivisections est également une activité qui produit beaucoup de souffrance. Le véganisme remet donc tout ceci en cause et entend faire la promotion de toutes les alternatives possibles à ces exploitations.
2. L'impact écologique de l'exploitation animale
Mais l'exploitation animale, c'est aussi des impacts écologiques non-moins inquiétants. L'élevage est considéré comme responsable de l'émission d'environ 15 % des gaz à effet de serre [17] et contribue ainsi fortement au réchauffement climatique. Produire de la viande est aussi un processus peu efficace et implique donc la consommation d'énormément de végétaux. C'est la raison pour laquelle l'élevage accapare une surface terrestre colossale. 30 % de la surface terrestre émergée non-recouverte de glace sert à nourrir du bétail sous forme de pâtures ou de cultures. C'est l'activité anthropique qui accapare le plus de terres et elle est donc la principale responsable de la destruction / dénaturation des milieux naturels. C'est évidemment délétère pour les animaux sauvages, et cela joue donc un rôle important dans la sixième extinction de masse en cours [14, 18]. Les élevages industriels, qui se multiplient sur la planète, posent de leur coté des problèmes de gestion des déchets qui peuvent conduire à une intoxication des milieux aquatiques [19], à des explosions d'algues [20] ou à des zones mortes [21]. Enfin, la surpêche risque fort de conduire à des zones océaniques vidées de leurs poissons dans les décennies à venir [22]. Ainsi, l'exploitation animale finit par nuire également aux animaux sauvages et à l'environnement et fait peser un risque significatif pour le futur de l'humanité.
Figure 3 : Image d'un pâturage. Si ce mode d'élevage est bien plus respectueux des animaux, il reste néanmoins beaucoup idéalisé. Cette forme d'exploitation demeure un accaparement des corps et requiert beaucoup de surfaces terrestres au détriment de la vie sauvage. (Image d'auteur inconnu – CC0 1.0).
3. Le véganisme : le mot de la fin
Compte tenu de ces observations, largement en défaveur de l'exploitation animale, il nous semble plus pertinent en tant qu'animalistes de faire le choix d’œuvrer contre cette dernière, c'est à dire de promouvoir le véganisme. En redéfinissant de manière normative notre rapport aux animaux, ce mode de vie met un terme à un cortège de misères animales dont nous sommes responsables. C'est également un levier d'action efficace pour modifier en profondeur notre impact écologique et c'est la raison pour laquelle il est temps de considérer pleinement cette option et de cesser de la marginaliser et de militer activement pour cette dernière. Par ailleurs, opter pour une nourriture végétale c'est se positionner tout en bas de la chaîne trophique et donc réduire mécaniquement notre impact sur toutes les autres formes de vie de notre planète : bactéries, plantes et animaux. Pour rependre le slogan de la Fédération Végane, être végane c'est donc finalement tuer moins et nuire moins [23], et c'est peut-être parce que nous n'avons jamais vraiment pleinement adhérer à ces valeurs fondamentales que notre monde va si mal aujourd'hui.
Sources:
[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Animalisme
[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Véganisme
[3] http://www.cahiers-antispecistes.org/declaration-de-cambridge-sur-la-conscience/
[4] http://www.lavoixdunord.fr/45221/article/2016-09-15/lait-apres-avoir-privilegie-la-productivite-de-leurs-vaches-les-eleveurs-s
[5] http://www.inra.fr/Chercheurs-etudiants/Biologie-animale/Tous-les-dossiers/genomique-animale/revolution-pour-la-selection-des-vaches-laitieres
[6] https://www.l214.com/couvoir-poules-pondeuses
[7] https://www.lohmannfrance.com/nos-poules-pondeuses/genetique-avicole/
[8] http://www.eliacoop.fr/node/728
[9] https://www.l214.com/vaches/elevage-veaux
10] https://www.l214.com/broyage-poules-pondeuses-foie-gras
[11] http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/11/03/de-nouvelles-videos-choc-denoncent-l-abattage-de-vaches-gestantes-a-limoges_5024506_3244.html
[12] https://www.planetoscope.com/elevage-viande/1172-nombre-d-animaux-tues-pour-fournir-de-la-viande-dans-le-monde.html
[13] http://www.cahiers-antispecistes.org/combien-de-poissons-sont-peches-par-an/
[14] http://www.mas42.fr/blog/devenir-vegane-bien-meilleur-pour-l-environnement-que-colporte.html
[15] http://www.leparisien.fr/societe/especes-menacees-adieu-vison-lapin-et-campagnol-17-11-2017-7397661.php
[16] http://www.natura-sciences.com/environnement/experimentation-animale-europe745.html
[17] https://www.viande.info/elevage-viande-gaz-effet-serre
[18] https://fr.wikipedia.org/wiki/Nitrate#Écotoxicité
[19] https://www.lesechos.fr/23/08/2012/LesEchos/21254-018-ECH_la-bretagne-digere-mal-les-algues-vertes.htm
[20] https://fr.wikipedia.org/wiki/Zone_morte#Causes_du_phénomène
[21] https://www.bastamag.net/Surpeche-les-poissons-pourraient
[22] http://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2017/07/10/la-sixieme-extinction-de-masse-des-animaux-s-accelere-de-maniere-dramatique_5158718_1652692.html
[23] https://www.federationvegane.fr/tuer-moins/
----------------------------------------------
Par Emile Bévillon, le 17/12/2017
vegan exploitation animale accaparement élevage Surfaces terrestres